Comment un chandail orange et l’histoire d’une mère ont inspiré les employés autochtones du ministère des Services sociaux à devenir des artisans du changement
Le 30 septembre 2017, la Journée du chandail orange, Kari Paton, membre du personnel du ministère des Services sociaux, portait l’emblématique chandail avec le slogan « Every Child Matters » (chaque enfant compte) en signe de reconnaissance de cette journée. Alors qu’elle se promenait dans la rue pendant sa pause dîner, une inconnue a pointé du doigt son chandail et lui a dit : « Je pense que mes enfants comptent », ce à quoi Kari a répondu : « Tout à fait, et votre enfance à vous compte aussi ». Elles ont poursuivi la conversation; Kari a écouté la dame lui parler de son passé traumatique, de son expérience des pensionnats et de ses enfants, qui avaient été pris en charge par le ministère des Services sociaux. Elle a confié à Kari qu’elle n’avait pas raconté son histoire à l’agent chargé de son dossier, car elle craignait que cette personne ne comprenne pas. En tant que survivante de la rafle des années soixante et membre du personnel de ce Ministère, Kari a compris cette hésitation et a invité l’agent chargé du dossier de la dame à les rencontrer. L’agent a écouté le témoignage de la dame, et grâce à cette ouverture et à cette compréhension, leur relation s’est améliorée.
Ce moment et bien d’autres comme celui-ci ont motivé Kari et d’autres employés du ministère des Services sociaux à se regrouper pour soutenir et encourager les employés autochtones dans leur cheminement vers la vérité et la réconciliation.
L’équipe d’employés autochtones du gouvernement de la Saskatchewan nommée Team of Indigenous Employees of Saskatchewan, ou TIES, a été créée pour soutenir les familles et les enfants autochtones dans toute la province. Kari affirme que les membres du groupe se soutiennent mutuellement en aidant à faire reconnaître le passé colonial du Canada et à se réconcilier avec celui-ci. Elle estime que ce travail est essentiel pour aider les résidants de la Saskatchewan à tracer une voie qui leur permettra de collaborer pour faire grandir l’espoir et guérir ensemble.
« En tant qu’employés autochtones du ministère des Services sociaux, nous constatons que nos vies respectives ont comme point commun les conséquences des pensionnats, de la rafle des années soixante, de la disparition et du meurtre de femmes et de filles autochtones et d’autres traumatismes générationnels », a déclaré Kari. « Nous sommes des employés qui souhaitent améliorer la vie de nos concitoyens. Nous pouvons être des artisans du changement en racontant nos histoires afin d’intégrer notre culture et de favoriser la compréhension de notre peuple au sein du Ministère. »
Le terme anglais « TIES » (liens) est lui-même porteur de sens, car il évoque les offrandes de tabac (tobacco ties) dans la culture autochtone. Il s’agit de petits sachets de tabac fabriqués pour les cérémonies et utilisés pour la prière et les offrandes. Individuellement, les morceaux de feuilles de tabac sont petits et fragiles, mais ensemble, ils sont forts. Ce lien leur confère une plus grande utilité et une plus grande résilience. L’équipe TIES a résumé ce sentiment par le mot cri « Mâmawatoskêwak », qui signifie « ils travaillent ensemble en tant que groupe, ils travaillent en équipe ».
Dans le cadre de ses activités, la TIES a augmenté la représentation des dirigeants autochtones, organisé des cérémonies culturelles, offert des possibilités de sensibilisation et soutenu les efforts du ministère des Services sociaux pour devenir plus inclusif. L’une des initiatives notables de l’équipe est son action en faveur de la Journée du chandail orange, qui a lieu le 30 septembre en hommage aux victimes du régime des pensionnats autochtones du Canada. Le ministère des Services sociaux a entrepris de souligner chaque mois la Journée du chandail orange, afin d’offrir aux membres du personnel et à ceux qu’ils servent plus d’occasions de se réunir dans un esprit de vérité et de réconciliation.
« La Journée du chandail orange est plus qu’une simple date du calendrier », a précisé Kari. « C’est la reconnaissance de notre besoin de vérité et de réconciliation, soit un processus continu dans lequel nous réfléchissons à ce que signifient la vérité et la réconciliation. Cela consiste d’abord à dire la vérité, à écouter et à comprendre. »
Kari a reçu des nouvelles de la dame qu’elle a rencontrée dans la rue lors de la Journée du chandail orange. Elle a récupéré ses enfants et la famille se porte bien.
« Tout a commencé par un chandail orange, en disant la vérité sur les traumatismes et l’expérience des pensionnats et en écoutant simplement une mère qui souffrait », a ajouté Kari.
Pour manifester votre ouverture envers la vérité et la réconciliation, procurez-vous un chandail orange auprès d’un organisme communautaire autochtone local ou sur la page Web officielle de l’Orange Shirt Society. Vous pouvez également consulter les 94 appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation, entrer en contact avec un organisme autochtone local ou lire le livre de Phyllis Webstad, intitulé L’histoire du chandail orange, qui a inspiré la Journée du chandail orange.